Notre existence sur Terre fait naître en moi deux expériences paradoxales : d’abord elle est source d’une curiosité admirative, alors qu’elle témoigne de la nature de notre vivant et de tout ce qui nous entoure, créant notre univers ; cependant, la progression humaine provoque également une certaine inquiétude quant à son évolution pour les générations à venir et les conditions de vie terrestre. C’est la lecture du livre Humanité 2.0, La bible du changement de Raymond Kurzweil qui m’a amenée à m’interroger plus loin sur la réalité de notre vivant, sur ce qui existe déjà, sur l’avenir de l’être humain et sa place sur « sa » planète ; quelles technologies (outils numériques, machines et appareils électroniques) ai-je vu évoluer ; en combien de temps ; quelle comparaison puis-je faire entre les générations, en termes d’impact sur leur vivant. Si Kurzweil a su prédire avec justesse, jusqu’à maintenant, cela veut-il dire qu’il verra aussi juste pour la suite de notre existence ?
Depuis ma graduation à l’École de Danse contemporaine de Montréal en 2018, j’ai exploré l’état mi-humain mi-machine en réalisant Hypotypose (danse contemporaine et projections numérique, 2018), Souffle au Chalet du Mont-Royal (danse contemporaine, gymnastique rythmique et musique, 2019) et Enveloppe (vidéo-danse, 2021). Le processus d’Antilope est une suite logique de mes créations précédentes, continuant d’y aborder mes réflexions sur la notion du transhumanisme et de son impact sur l’évolution humaine.
Il est primordial de faire ressentir, dans mes créations, la progression et l’évolution de notre espèce à travers les médiums et les disciplines que je travaille. Le spectacle d’ANTILOPE, par exemple, est construit en trois tableaux progressifs : le passé, le présent et le futur. Isotone avec Bar Rubinstein et Hugo Fournier, créateurs multimédias, ont réussi à créer un décor en constante mutation, grâce à l'utilisation d’une kinect. Cet outil capte les mouvements, les transforment en une forme projetée sur une toile en fond de scène. Cette technologie, associée à la technique de la danse suspendue participent à cette idée d’un corps augmenté, d’une fusion du corps et de l’intelligence artificielle. En effet, le mouvement élastique provoque des gestes extraordinaires qui transforment ma façon de danser et donnent une place nouvelle au corps du danseur dans l’espace scénique. Il était donc évident pour moi d’utiliser cette technique dans le spectacle pour évoquer, avec mon personnage, la partie de l’évolution de notre corps que nous traversons voire même, au-delà, celle de notre futur.
Avec mes numéros, plus court qu’un spectacle de 30 minutes, je travaille sur la relation de mon personnage avec le public et je rends ma capacité de voler comme un prolongement naturel de mon corps. Avec Effet Mer et Effet Terre, par exemple, mon personnage porte un regard très doux sur les humains qui l'entourent, les invitant dans un voyage au cœur de l’être humain et de ses racines.
En parallèle de mes projets artistique, je codirige auprès de Claire Jeannot et de Natacha Viau : Mouvement Vertical, une OBNL œuvrant pour le rayonnement de la discipline de la danse verticale tant dans sa découvrabilité que son accessibilité auprès du public par la performance et la formation.